Vous êtes ici

Le pouvoir du JT

« On est jamais indépendant du pouvoir, puisque le pouvoir c’est justement ça : rendre tout dépendant » Jacques Krier, réalisateur (1927-2008)

Petits rappels de la République Française avec ses JT :

29 juin 1949 : Premier Journal Télévisé et création de la redevance.

1954 : Premier présentateur au JT.

08/01/1959 : Charles de Gaulle, Président.

21/04/1961 : Pour Raymond Janot, qui dirige la RTF, le JT est en lien avec pouvoir, car, dit-il : « ce pouvoir, c'est la nation qui l'a fait, il est légitime ». C'est « la télévision du pouvoir », ou  « la télévision des préfets ».

1963 Création du SLII (Service de Liaison Interministériel pour l’Information) dirigé par Alain Peyrefitte, Ministre de l’Information, et Pierre Hunt, qui contrôle et censure tous les sujets du JT.

20/04/1963 : Peyrefitte s’invite au JT de Léon Zitrone pour lancer la nouvelle formule un journal avec plus d'objectivité et moins de politique, car dit-il « Le JT n’appartient pas aux journalistes ni au gouvernement, il appartient aux Français qui le regardent ». 

1968 : 23 mai, grève à l’ORTF jusqu’au 12 juillet. Le JT est diffusé à partir du bunker sous la tour Eiffel, par « les jaunes », une vingtaine de journalistes autour d’Edouard Sablier (de la sous direction de l'actualité française).

Septembre 68 : Remplacement du SLII par le CII (coordination de l’action de l’information des différents ministères), toujours sous la direction de Pierre Hunt. Les journalistes du JT sont surnommés « les gilets rayés » par Pierre Desgraupes.

1er octobre 68 : Arrivée de la publicité sur la première chaîne.

20/06/1969 : Georges Pompidou, Président

Pour Pompidou « Qu’on le veuille ou non, la télévision est considérée comme la Voix de la France, et par les Français et à l’étranger » (20/06/69).

Chaban Delmas, 1er ministre, nomme Pierre Desgraupes (réputé pour son indépendance) à la direction de l’ORTF. Création des unités autonomes d’information.

Arrivée au JT du prompteur et du présentateur unique (« un homme vieux... quelqu’un en qui l’on croit » selon Philippe Gildas, qui ramène cette idée du présentateur vedette de CBS, Walter Conkite aux Etats-Unis.

1970 : Pompidou recadre les journalistes « Etre journaliste à l’ORTF, ce n’est pas la même chose qu’être journaliste ailleurs. L’ORTF, qu’on le veuille ou non, c’est la Voix de la France. C’est considérer comme tel à l’étranger et c’est considérer comme tel par le public. Ceux qui parlent à la télévision, ils parlent un peu au nom de la France » (02/07/1970).

1972 : Pompidou mécontent de la télévision, remplace Chaban Delmas par  Messmer. Desgraupes est débarqué.

27/05/1974 : Valéry Giscard d’Estaing, Président

Création par Giscard d’Estaing de la cellule d’opinion Tv à l’Elysée (dont Cavada, Duhamel, Elkabbach).

31 décembre 1974, éclatement de l’ORTF accompagné de 274 licenciements.

1977 : Un téléphone spécial relie Elkabbach, directeur de l’information d’Antenne 2 avec le directeur de cabinet de l’Elysée.
Roger Gicquel, présentateur vedette, fait éteindre les lumières des téléspectateurs en direct et influe la consommation d’électricité nationale... Il constatera que la personnalisation prend le pas sur l’information.

1979 : Affaire Bokassa. Elkabbach licencie Claude Sérillon. La télévision tait le scandale.

21/05/1981 : François Mitterrand, Président

Ete 81 : Nomination de Desgraupes à Antenne 2. Réintégration de journalistes socialistes et communistes dans les rédactions du JT, au nom du pluralisme.

Septembre 1981 : Création du « Journal d’en France », JT de 13h réalisé avec les français, par Raoul Sangla.

Février 1982 : Fin du « Journal d’en France », sur plainte d’un sénateur socialiste, Bastien Leccia, à l’issue du onzième journal, émis de Corse.

Avril 82 : Loi sur l’audiovisuel. Création de la Haute Autorité.

Septembre 82 : Licenciement du présentateur Bernard Langlois, suite à sa phrase « une histoire de royaume d’opérette sur un caillou cossu », le jour du décès de Grace de Monaco.

Mars 1983, perte des élections municipales par la gauche. Pour Paul Quilès : « il y a des insuffisances du côté des médias... »

1984 : Yves Mourousi met en scène le discours présidentiel du 14 juillet  sur TF1 : Moment clé où le spectacle prend le pas sur le politique.

Novembre 1984 : Décret dit « Desgraupes » qui abaisse à 65 ans l'âge plafond des présidents d'entreprises publiques. Pierre Desgraupes, qui vient tout juste d’avoir 65 ans, jugé trop indépendant, n’est alors pas reconduit à la tête d’Antenne 2.

1984 : Nov, création de Canal +

Juin 1985 : Création de l’Audimat / Médiamétrie (Mediamat à partir de 3466 foyers)
Débats au sein des rédactions, dont France 2, entre « audimatologues », se fondant sur l’audimat et « déontologues », à partir de l’éthique.

1985- 1986 : Lancement de deux nouvelles chaines privées (La 5 et TV6).

1986 : 1ère cohabitation. Jacques Chirac, Premier Ministre

Septembre 1986 : Création de la CNCL à la place de la Haute Autorité.

Décembre 1986 : Claude Contamine nommé Président d’Antenne 2. De nombreux journalistes sont écartés de la rédaction (dont Claude Sérillon, Marcel Trillat...).

1986- 1987 : Privatisation de TF1 (annonce en juin 86, auditions en avril 87).

1988 : Réélection de François Mitterrand, Président de La République.

Janvier 1989 : Création du CSA à la place de la CNCL

Août 89 : Contre toute attente, et la candidature d'Hervé Bourges présentée par le gouvernement, le CSA nomme Philippe Guilhaume, Président de France Télévisions.

1990 : Pression du gouvernement sur Philippe Guilhaume, notamment budgétaire : Le Président de France Télévisions est poussé à la démission, ce qu’il fera le 18 décembre 1990.

Décembre 90 : Hervé Bourges nommé Président de France Télévisions quelques jours avant le début de la Guerre du Golfe. Selon lui, les journalistes télévision, qu'ils le veuillent ou non, « représentent la France ».

Février 1991 : Polémique autour de l’édito de Marcel Trillat : Comment les journalistes doivent-ils se comporter en temps de guerre ?

1993 : 2ème cohabitation. Edouard Balladur, Premier Ministre

Décembre 1993 : Jean-Pierre Elkabbach nommé Président de France Télévisions. Jean Luc Mano (« audimatologue »), Directeur de l’information de France 2. Arlette Chabot Directrice Adjointe.

17 mai 1995 : Jacques Chirac, Président de la République.

1996 : Prorogation de la concession de TF1 sans appel d’offres.

1997 : 3ème cohabitation, Lionel Jospin, Premier Ministre.

Juin 1998 : Pierre-Henri Arnstam nommé Directeur de l’Info de France 2. Claude Sérillon, présentateur du JT.

Septembre 2001 : Eviction de Pierre-Henri Arnstam (Directeur de l’Info de France 2.) et Claude Sérillon (Présentateur du JT), sous pression de Manuel Valls, Chargé de communication du Premier Ministre Lionel Jospin (suite à l’interview controversée de ce dernier par Claude Sérillon). David Pujadas, présentateur du JT.

Février 2004 : Arlette Chabot, directrice de l’Info de France 2.

16 mai 2007 : Nicolas Sarkozy, Président de la République.

2009 : Loi sur l’audiovisuel : La Contribution à l’Audiovisuel Public remplace la redevance, et est intégrée directement à l’impôt. Arguant que la nomination du Président de France Télévisions par le CSA est faussée, le Président de la République nomme directement le Président de France Télévisions.

Août 2010 : Nomination de Rémy Pfimlin à la Présidence de France Télévisions, éviction d’Arlette Chabot suite à ses désaccords personnels avec le Président de la République.
 

Par ailleurs, comme le rappelle Noël Mamère, de son côté, le journal télévisé le plus regardé, est celui de TF1. Celui ci ne diffuse pas de sujets critiques sur ses gros annonceurs, les téléphones mobiles,  le Maroc... (TF1 appartient à Bouygues, entreprise qui a de forts intérêts au Maroc et dans la téléphonie mobile).